La loi d’orientation des mobilités (LOM), promulguée en 2019, est un texte majeur qui vise à transformer la mobilité en France, notamment en accélérant la transition vers des véhicules moins polluants. Elle impose des obligations croissantes aux entreprises possédant des flottes importantes. Pour rester compétitives et conformes, les entreprises doivent adopter une approche intégrée qui va au-delà de la simple gestion quotidienne.
En se concentrant sur l’optimisation du TCO (coût total de possession), en encourageant l’éco-conduite grâce à la télématique, et en planifiant activement la transition vers les véhicules à faibles émissions (VFE) en réponse à la loi LOM, les gestionnaires de flotte peuvent non seulement réduire considérablement leurs coûts, mais aussi renforcer la sécurité de leurs équipes, améliorer leur image environnementale et assurer la pérennité de leur activité. Cet article explore comment ces trois piliers peuvent transformer votre gestion de flotte en un avantage concurrentiel.
TCO c’est quoi?
Le Total Cost of Ownership (TCO) est un indicateur stratégique qui englobe l’ensemble des charges, visibles et cachées, sur tout le cycle de vie d’un bien d’entreprise. Pour les gestionnaires de flotte automobile, il s’agit d’estimer le coût total de possession des véhicules sur une période de 5 à 10 ans, offrant ainsi une image précise du coût réel de la flotte.
Les composantes clés du TCO sont :
- Le prix d’achat ou les loyers de leasing
- Les frais de carburant/électricité
- Les frais de maintenance et de réparation
- Les primes d’assurance
- La taxe sur les véhicules de société (TVS) et autres frais administratifs
- Les frais de service routier
- Le prix de revente ou de restitution du véhicule
- Les frais de formation des chauffeurs et de la gestion de la flotte
Pour réduire le TCO, l’utilisation d’un logiciel de gestion de flotte est essentielle. En centralisant les données, il permet d’identifier les postes de surconsommation, de planifier la maintenance préventive et de choisir des véhicules à faible taux de dépréciation.
Choix de financement, assurance et écoconduite
Le choix du financement et de l’assurance a un impact direct sur le TCO. Un véhicule plus cher à l’achat peut s’avérer plus économique sur la durée s’il consomme peu et nécessite moins d’entretien. Le leasing (LLD ou LOA) permet un renouvellement sans CAPEX initial important, mais son choix dépend des conditions du contrat.
L’assurance est un levier d’optimisation majeur. Comparer les offres, privilégier une police de flotte unique et la mise en place de la prévention (formation des conducteurs, maintenance préventive) permettent de réduire la sinistralité et donc les primes. Cependant, il est crucial d’anticiper les évolutions réglementaires et les coûts de réparation, en particulier pour les véhicules électriques.
L’écoconduite, soutenue par la télématique, est un levier invisible qui permet d’économiser sur les frais de carburant (jusqu’à 40 %), de réduire l’usure des véhicules et d’améliorer la sécurité. Les outils télématiques fournissent un feedback précis aux conducteurs, favorisant une conduite plus douce et plus sûre.
Les VFE et la loi LOM : une transition stratégique, mais aux coûts complexes
La transition vers les véhicules à faibles émissions (VFE) est une réponse stratégique à la loi LOM. Les VFE sont définis comme des véhicules émettant moins de 50g de CO₂/km, incluant principalement les véhicules 100% électriques, les hybrides rechargeables et les véhicules à hydrogène.
Les obligations pour les flottes de plus de 100 véhicules sont claires :
- 10% de VFE depuis 2022
- 20% de VFE à partir de 2024
- 40% de VFE à partir de 2027
- 70% de VFE à partir de 2030
Cette transition offre de nombreux avantages : conformité réglementaire, avantages fiscaux (exonération de la TVS, TVA récupérable sur l’électricité), une meilleure image de marque et un accès facilité aux zones à faibles émissions (ZFE). Les VFE promettent également des économies sur les coûts d’exploitation et de maintenance.
Cependant, les gestionnaires de flotte doivent être conscients des défis récents qui impactent le TCO des véhicules électriques. En 2025, la suppression de l’exonération partielle de la taxe spéciale sur les conventions d’assurance (TSCA) a entraîné une augmentation significative, voire “vertigineuse”, des primes d’assurance pour les véhicules électriques. Cette hausse est amplifiée par l’augmentation de la surprime “Cat-Nat” et par l’inflation générale des coûts de réparation et des pièces détachées. Il est en effet nécessaire de prendre en compte le fait que les batteries peuvent représenter un coût de réparation de 10 000 € à 20 000 € en cas de sinistre, ce qui pousse les assureurs à revoir leurs tarifs à la hausse.
En conclusion, si les véhicules électriques offrent une alternative pertinente et rentable sur le long terme grâce à des économies d’énergie et de maintenance, il est impératif d’intégrer dans le calcul du TCO les récents ajustements fiscaux et l’impact des coûts de réparation sur les primes d’assurance. Une stratégie de flotte réussie passe par une anticipation rigoureuse de ces facteurs pour assurer la pérennité de l’activité dans un paysage réglementaire et économique en mutation.